Compétition offshore

Gérald Guétat
Innovation
Cary 32 SE, 1976 ©Guy Lévèque
À l’aube de la décennie 1960, une poignée d’enthousiastes américains et anglais tentent l’aventure motonautique en haute mer. Leur succès donne naissance à l’offshore qui s’impose vite comme une catégorie internationale de compétition à part entière. Pendant la décennie suivante, elle attire de plus en plus de chantiers qui y trouvent un banc d’essai impitoyable pour promouvoir leur marque et inspirer de futures tendances dans la plaisance.

La vitesse pour unique horizon

Alors que le motonautisme était resté cantonné aux eaux protégées ou intérieures, l’innovation de la coque en V, capable de naviguer en mer formée, change la donne au tournant des années 1960. Des épreuves pionnières, disputées entre Miami, en Floride, et Nassau, aux Bahamas, à la fin des années 1950, donne l’idée d’une initiative similaire au magnat de la presse britannique, Sir Max Aitken. C’est ainsi que naît la première International Daily Express Offshore Powerboat Race de Cowes à Torquay en 1961. Cette première, couronnée de succès, déclenche une ferveur nouvelle chez les amateurs de sensations fortes et entraîne l’organisation de nombreuses compétitions en Europe. Après le temps des pionniers qui s’alignaient aux commandes d’unités hétéroclites plus ou moins adaptées (de la vedette familiale au petit catamaran primitif), l’offshore devient, dès les années 1960, puis encore davantage dans les années 1970, une spécialité à part entière et en pleine croissance. Elle est régie par l’Union Internationale Motonautique (UIM) qui impose des jauges pour attribuer divers titres de champion par catégorie de longueur, de cylindrée, etc.

Formula 233, Porquerolles, 1966 ©Guy Lévèque
Donzi 16 ©Guy Lévèque

Architectes navals légendaires des années 70

La fine fleur des architectes navals américains, anglais et italiens se consacre dès l’origine à l’élaboration de bateaux de plus en plus performants qui exerceront une influence croissante sur les formes et les équipements des unités de plaisance pendant plusieurs décennies. Ces concepteurs deviennent aussi, et pour la plupart, directement ou indirectement constructeurs. Dans le camp américain, Dick Bertram, Raymond Hunt et Don Aronow comptent parmi les plus connus et lancent rapidement des gammes de série dont les formes élancées et la puissance issues des engins de compétition deviennent vite légendaires dans les marinas du monde entier. La créativité de Don Aronow, avec ses marques Formula, Magnum Marine, Donzi, Cary et les célébrissimes Cigarette, va irriguer le marché des bateaux rapides pendant longtemps. Ses fameuses coques offshore de 36 pieds sont considérées aujourd’hui comme des archétypes du genre. Très connu en Méditerranée pendant les années 1970, le Cigarette « Dry Martini », par exemple, est lancé en 1972 et remporte le championnat du monde l’année suivante, puis de nouveau en 1974, piloté par l’Italien Carlo Bonomi. Propulsé par deux V8 Aeromarine de 600 ch. chacun, ce monocoque en V très profond est le premier à soutenir des moyennes de plus 130 km/h sur des parcours hauturiers comme Viareggio-Bastia ou au large des Baléares. L’exposition médiatique de tels exploits donnent une impulsion décisive à la commercialisation des versions de série acquises par de riches industriels, des publicitaires de renom ou des vedettes de la Jet-Set, en Europe comme aux États-Unis. Au prix de consommations astronomiques, les hautes vitesses en mer sont devenues accessible aux non-professionnels. Dix mètres quatre-vingts de muscles étirés, une étrave agressive, un cockpit central et des aménagements sous le pont, à l’avant du pare-brise, en font le prototype des futurs « open » à cabine(s), avec ou sans « fly » qui feront fureur plus tard dans les salons nautiques. Les années 1970 ont été qualifiées d’âge d’or du développement des coques rapides par l’entremise de la compétition offshore. Les innovations venues du monde de la course sont reprises par de nombreux chantiers de plaisance qui font de la vitesse et du design des arguments de vente décisifs auxquels un certain public se montre toujours plus sensible. En motonautisme comme dans l’univers de l’automobile, le rêve se vend bien. La quête de la démesure qui va caractériser les années 1980 et suivantes est en marche.

Compétition off shore, 1971, INA

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