Transat Jacques Vabre
Lancée en 1993, la Route du café allait passer du solitaire au double, et changer de nom pour se nommer Transat Jacques Vabre au départ du Havre, et à destination de pays exportateurs de café.
Depuis la victoire d’Éric Tabarly dans la Transat anglaise en 1964, le succès des courses en solitaire ne se démentait pas dans l’hexagone. Florence Arthaud avait remporté la Route du Rhum trois ans plus tôt, et Alain Gautier la seconde édition du Vendée Globe quelques mois auparavant. Sachant que ces deux épreuves légendaires étaient plus que jamais ancrées dans le cœur du public français, qu’elles se disputaient tous les quatre ans et les années paires, la société Jacques Vabre décida alors de lancer à son tour une nouvelle course transatlantique en solitaire entre Le Havre et la Colombie.
Elle se nommait logiquement Route du Café, étant ouverte aux multicoques Orma de 18,28 mètres, mais également aux monocoques de la même taille. La première édition allait voir l’incontestable victoire du Havrais Paul Vatine en multicoque, et de Yves Parlier en monocoque. Mais le groupe Kraft Jacobs Suchard, propriétaire de la célèbre marque de café, guère satisfait des faibles retombées médiatiques par rapport à celles de la Route du Rhum, décidât alors de faire appel à un nouvel organisateur – Gérard Petipas et sa société Pen Duick pour l’édition suivante. L’ancien officier de Marine Marchande et navigateur, était non seulement le bras droit et l’ami d’Éric Tabarly, mais aussi un organisateur de course ayant fait ses preuves.
Il proposât alors que la course change de nom, se nomme Transat Jacques Vabre, se dispute tous les deux ans les années impaires, qu’elle traverse obligatoirement les Antilles françaises, et enfin s’effectue en double, afin d’attirer des équipages étrangers moins aguerris à la course en solitaire, spécialité franco-française. Après maints échanges et malgré de nombreuses réticences, son idée fût acceptée. La seconde édition en 1995 arrivât également à Carthagène, et fût remportée toujours par Paul Vatine associé à Roland Jourdain, et par Jean Maurel et Fred Dahirel.
Quand la ville du Havre décidât de mettre les petits plats dans les grands...
Au fil des années, la Transat Jacques Vabre prenait de l’ampleur, bénéficiant d’un cadre exceptionnel au Havre dans des docks entièrement réhabilités. Les classes Multi50 et Class40 étaient alors intégrées. Les destinations variaient régulièrement. Après Carthagène en Colombie, Salvador de Bahia et Itajaí au Brésil, Puerto Limon au Costa Rica, la Transat Jacques Vabre jetait l’ancre à Fort de France en Martinique.
Cette épreuve remportée quatre fois par le Niçois Jean-Pierre Dick, fût aussi le théâtre de faits marquants mais aussi de drames. Lors de l’édition 1997, Yves Parlier qui avait proposé à un certain Eric Tabarly de l’accompagner, l’emportât. A 66 ans, ce fût l’ultime victoire en course de « l’idole des houles » comme l’avait surnommé Olivier de Kersauson. Les frères Laurent et Yvon Bourgnon s’imposaient en multicoque. L’on ne parlait plus désormais de Route du café mais de «La Jacques Vabre».
Deux ans plus tard, alors que la tempête faisait rage au large des Açores, Paul Vatine disparût en mer suite au chavirage de son multicoque. Son co skipper Jean Maurel fût récupéré avec grande difficulté par un cargo, rangeât définitivement son ciré, devenant directeur de course de la Transat Jacques Vabre, avant de mourir en 2012 des suites d’un cancer. Le bassin où stationnent les 100 bateaux porte le nom de Paul Vatine, et l’allée jouxtant les écluses, celui de Jean Maurel, deux grandes figures de la Transat Jacques Vabre.