Route du Rhum 1990, Florence Arthaud

Didier Ravon
Culture
Florence Arthaud victorieuse de la Route du rhum, 1990, INA
Elle avait beau avoir un trimaran dernier cri, peu d’observateurs misaient sur Florence Arthaud blessée, d’autant que la concurrence masculine n’avait jamais été aussi rude.

Une confiance en elle inébranlable

C’était déjà sa quatrième Route du Rhum consécutive, elle qui avait fêté ses 21 ans juste avant le départ de la première édition en octobre 1978 après avoir quitté le domicile familial et ses études de médecine, afin de traverser l’atlantique pour la première fois avec le navigateur Jean Claude Parisis, de retour de l’Ostar.

A 33 ans, Florence Arthaud, avait cette fois un bateau à la mesure de ses ambitions. «C’est clair que je pars pour gagner» expliquait-t-elle avant de franchir les écluses à Saint Malo. «Je connais mes qualités mais aussi mes limites…».

Si Pierre 1er n’avait jamais été aussi prêt, Florence Arthaud souffrait des vertèbres cervicales, séquelles d’un grave accident de la route. Elle portait même une minerve. Son médecin déclarait même qu’il n’était pas raisonnable qu’elle prenne le départ sur ces bateaux d’une rare violence. Mais la rebelle n’en avait cure. Florence Arthaud faisait pour la première fois partie des favoris, mais une horde de garçons entendait bien vaincre, de Philippe Poupon à Laurent Bourgnon ou encore Mike Birch vainqueur de la première Route du Rhum.

Coupée de tout

Peu de temps après la sortie de la Manche, elle prit les devants, charriant à la radio de son langage fleuri, ses adversaires. Naviguant dans des conditions météo difficiles, elle connût alors des soucis de communication, le tableau électrique s’écroulant sur la table à cartes lors d’un enfournement, mais qu’elle ne parvint jamais à rebrancher. Tout était hors service ou presque. Florence Arthaud dût désormais passer par Saint-Lys Radio pour communiquer avec Louis Bodin, son routeur.

Elle doublât pourtant en tête l’archipel des Açores devant Mike Birch. Fidèle à sa réputation en cette saison, l’Atlantique Nord n’était pas tendre. Un fort coup de tabac au creusement d’une dépression, engendra des vents de Sud-Ouest de près de cinquante nœuds, levant une mer très dure.

Florence Arthaud, Route du Rhum 1990, archive Jeanneau

«Flo» miraculée

Ce que l’on ne savait pas, c’est que la navigatrice connaissait un inquiétant ennui de santé. «Je suis complètement crevée» avoua-t-elle quelques jours plus tard lors d’une vacation.

«J’ai été obligée de mettre à la cape et d’aller dormir avant de m’évanouir. Je me suis demandé si j’allais me réveiller un jour… Je perdais mon sang et n’avais plus de force…»

La stupeur gagnât les médias et le grand public, dans ce qui ressemblait aux symptômes d’une fausse couche. Sans pilote automatique faute d’énergie, sans contact avec la terre, sans position de ses adversaires et persuadée qu’elle s’était fait doubler.

Une reine nommée Florence Arthaud

Elle s’accrochât… puis repris la tête de la course le 14 novembre en fin de journée. Quatre jours plus tard, Olivier de Kersauson venu à sa rencontre, lui apprit qu’elle était première. Elle n’en revenait pas.

Son entrée dans la marina de Pointe-à-Pitre, alors que la nuit venait de tomber, fût proche du délire.

Les félicitations affluaient de ses adversaires, à commencer par Philippe Poupon, complice et ami de la première heure, tenant du titre, et qui allait prendre la seconde place devant Laurent Bourgnon et Mike Birch. En 14 jours 10 heures et 8 minutes, la nouvelle héroïne de la Route du Rhum, battit le record de l’épreuve, et entra dans l’Histoire.

Florence Arthaud victorieuse de la Route du rhum, 1990, INA

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