Succès olympique français à la voile
Serge Maury, l'inattendu champion olympique
Inconnu avant d’arriver à Kiel dans le Nord de l’Allemagne, où se déroulaient les épreuves de voile olympique lors des JO de Munich 1972, un jeune tonnelier bordelais de 26 ans, allait pourtant créer la surprise, remportant la médaille d’or dans la prestigieuse série des Finn, un solitaire aussi technique que physique.
Entraîné par Philippe Soria, un professeur d’Education Physique et Sportive du Languedoc, lui-même sélectionné aux JO de Mexico quatre ans auparavant, Serge Maury, lunettes et visage « d’intello », impressionnât très vite par son calme, et une vista tactique, dignes des plus grands. Brillant lors des premières manches dans de petits airs erratiques devant tous les favoris, dont John Bertrand futur vainqueur de la Coupe de l’America sur Australia II onze ans plus tard, Serge Maury n’allait plus quitter la tête du classement.
Suite au drame dû à l’attaque terroriste de « Septembre Noir » à Munich, les régates furent momentanément suspendues, et malgré la situation, Serge Maury restât concentré. Il s’imposa devant le Grec Hadzipaolis, le Russe Potapov et l’Australien Bertrand. Quarante ans après Jacques Lebrun sacré à Los Angeles, un Français était champion olympique.
La botte secrète de l’équipe : un météorologue un peu sorcier
Lors de cette olympiade disputée dans des conditions anticycloniques et dans les eaux froides de la mer Baltique, l’équipe de France avait une « botte secrète ». René Mayençon, météorologue, spécialiste des prévisions marines, et qui allait notamment écrire un ouvrage de référence à l’usage des marins rapidement baptisé « Le Mayençon », avait la charge de concocter le bulletin météo du jour.
Tel un sorcier et à l’aube, dans la forêt jouxtant le plan d’eau, le prévisionniste observait notamment s’il y avait de la rosée ou pas, et notait l’orientation des champignons par rapport à la direction du soleil. Il en déduisait alors la direction de la brise thermique et le timing de la bascule de vent, quand cette dernière allait s’établir. Lors de chacune des manches de l’épreuve olympique, les prévisions de Mayençon s’avérèrent d’une précision diabolique.
Les Pajot, deux frères, deux fauves
Eux avaient seulement et respectivement 19 et 18 ans, étaient frères, issus de La Baule où leur père possédait une école de voile. Yves et Marc Pajot avaient brûlé les étapes, régatant depuis des années sur des bateaux réservés aux adultes. D’une rare précocité, ils brillaient en 420, 470, 505, gagnaient tout, ne faisaient que naviguer, clairement plus motivés par la compétition que par les études…
Quand ils décidèrent de tenter leur chance pour disputer les Jeux olympiques de Munich, la FFVoile afficha sa réticence : « vous êtes trop jeunes, vous n’avez pas la maturité nécessaire pour y aller… » Mais à l’issue des épreuves de sélection, les deux frangins battirent les favoris et se qualifièrent dans la série Flying Dutchman, un dériveur complexe de plus de 6 mètres, réservé aux gros gabarits.
L’innovation des Pajot : une clé de leur succès olympique
Les Pajot ne naviguaient pas que sept jours sur sept, été comme hiver, ils étaient toujours dans la recherche, l’innovation et l’optimisation. Ils furent les premiers à oser utiliser une coque en matériaux composites mais avec un pont en bois, inventèrent le trapèze automatique évitant de devoir se décrocher lors du virement de bord, et ce afin de gagner du temps. Enfin, ils portaient des combinaisons de navigation moulantes pour diminuer la résistance au vent.
Rodney Pattisson, l’Anglais intouchable, ancien champion olympique
Sur le parking de la marina olympique à Kiel, les journalistes ne se souciaient pas vraiment de ces deux gamins, mais scrutaient les moindres faits et gestes d’un Anglais du nom de Rodney Pattisson. Déjà champion olympique à Mexico en 1968, il avait décidé de remettre son titre en jeu. Intouchable, il s’imposa devant Yves et Marc Pajot, et les Allemands Libor et Nauman.