Naissance de Voiles et Voiliers
”Cette nuit-là, Adam rêva qu’il avait des ailes”
Le poète est Jean-Olivier Héron, maquettiste du magazine “Neptune-Nautisme“. Lorsqu’il apprend que le journal se vend principalement à des amateurs de voile, il est convaincu qu’une revue consacrée uniquement à la voile fera recette. Il en parle à son ami Marc Berthier, qui travaille au même journal ; ils se mettent d’accord sur un titre qui sonne bien, “Voiles et Voiliers“.
On est à la fin des années 1960, le journal Le Yacht, qui sortait deux fois par mois depuis 1878, a tiré sa révérence, en juin 1968. Grand format, 31 x 23,5 cm, dos carré, la publicité des moteurs hors-bord occupe neuf pleines pages. La seule page de pub consacrée à la voile est celle du Chantier Naval Voisin, dont huit des bateaux présentés sur onze, sont des bateaux à moteur.
Persuadés de la merveilleuse idée qu’ils ont eue, Les deux compères se mettent à l’œuvre. Jean-Olivier invente une belle histoire, la naissance des voiliers, crée un logo en forme de poisson ailée, et monte une maquette avec des textes et des illustrations de Marc et quelques intimes, pleins de poésie et d’humour. Puis, fort d’un numéro zéro, il le propose à son ami et rédacteur en chef Henri de Constantin.
Qu’importe le refus, ce journal existera. Finalement, en février 1971, quinze amis sont réunis autour d’une table dans un local au 15 de la rue Tiquetonne, il y en a de tous les âges et de tous les métiers. Il y a bien sûr nos deux amis, mais aussi Pierre Marchand, éditeur chez Fleurus, Christian Février, publiciste et photographe, Jean-Louis Guillemard, Gérard Petit, Gérard Beauvais. Devant le refus des banques et des groupes de presse, la seule solution reste de financer l’entreprise par un tour de table. Chacun investit avec ses moyens, 100 000 francs sont réunis, le premier numéro peut sortir !
”Le huitième jour, Dieux créa le bateau”
Jean-Olivier est le PDG de la nouvelle société Ardéa ; il est également le maquettiste, et auteur et illustrateur de la Dynastie des Pen Duick, en plusieurs épisodes. Christian Février signe la photo de couverture du numéro un, un spi déboulant sur une mer trouble, au centre, le sigle de Voiles et Voiliers, un oiseau ailé.
Un titre évocateur, “Le huitième jour, Dieux créa le bateau“ et à l’intérieur, un formidable poster, “ L’elfe rencontre la sirène et, de leurs amours, naît le bateau : il a l’aile de son père et le corps de sa mère…“ Un grand format, 34 x 26 cm, dos carré, malgré un contenu de 52 pages, avec l’annonce de deux numéros par mois, la démarche est originale, le contenu éclectique. En février 1972, les caisses sont vides, le numéro 16 risque bien d’être le dernier. Pourtant, le directeur de la Sper, Roger Cellier, flaire une bonne affaire, avec des gens motivés et un sujet porteur. Voiles devient mensuel, et dépassera, quelques années plus tard, tous ses concurrents…